Beslé-sur-Vilaine
Gîtes & patrimoine au coeur des marches de la Bretagne

Le moulin

Histoire du moulin de Plaisance

Si l’on connait bien l’histoire récente du moulin de Plaisance, son histoire ancienne est plus incertaine. On ne connaît pas avec certitude la date de fondation du moulin de Plaisance. Ce que nous savons, c’est qu’il est construit au XIXe siècle, plus précisément entre 1835 – date à laquelle il ne figure pas sur le cadastre de Beix dont il dépend – et 1935 – date à laquelle il est vendu.

C’est d’ailleurs à cette époque que le moulin commence son industrialisation. Une machine à vapeur est notamment installée. À la fin du XIXe siècle, le moulin appartient à la famille Baudouin. La famille conserve le moulin jusqu’en 1935. Sur cette carte postale conservée au musée de Bretagne et qui date des années 1920-1030, ceux que nous pensons être les trois frères Baudouin posent devant le moulin. On aperçoit une cheminée au dessus du petit bâtiment devant le moulin : c’est celle de la machine à vapeur qui alimente la poulie située à l’extérieur de la tour. Vous noterez également qu’à cette époque, la minoterie n’existe pas, seul le magasin est présent au fond de la photo.

À l’arrière plan, c’est le moulin de la Grenouillère qui tourne. La carte postale vient donc contredire la légende locale qui dit que les propriétaires du moulin de Plaisance auraient fait interdire au moulin de la Grenouillère de tourner au prétexte qu’il leur volait le vent. Une version plus crédible dit que les ailes de la Grenouillère dépassaient sur le terrain de Plaisance, ce qui permettait au moulin de Plaisance de l’interdire de tourner.

Nous savons qu’en 1931, des recherches sont entreprises par la Société française de prospection dans le sol de la colline de Plaisance pour y trouver de l’or. Les recherches sont validées au Journal Officiel, nous en trouvons la trace sur Gallica. Les sondages donnent un résultat qui ne justifiera pas l’ouverture d’une mine, même s’il semble qu’un peu d’or soit trouvé…

Le moulin au XXe siècle : des Baudouin aux Cavé

En 1935, le moulin est vendu en viager par les frères Baudouin à la famille Cavé qui sera la dernière famille meunière du moulin. En 1945, les Cavé font retirer les ailes du moulins alors qu’elles tombent en décrépitude. On les voit d’ailleurs sur cette carte postale – postée bien après, en 1952. Les Cavé font alors relever la minoterie que l’on aperçoit derrière les branchages à droite. Cette dernière ne pouvait auparavant être plus haute car le toit de la tour tournait sur lui-même afin de mettre les ailes dans le sens du vent. Le mécanisme permettant à la toiture de tourner existe d’ailleurs encore en partie aujourd’hui. Mais voilà, si la minoterie avait été plus haute, elle aurait empêché les ailes de passer !

La force des ailes est remplacée par deux moteurs diesel dans les années 1960. Le premier vient remplacer la machine à vapeur. Il s’agit d’un Ruston & Hornsby, modèle de taille 8, classe H, n°125532. Produit dans les années 1920, il est acheté d’occasion à une scierie nantaise et amené pièces par pièces en camion depuis Nantes au moulin par les Cavé. Le moteur était si bruyant que les villageois de Beslé l’entendaient à 1 kilomètre. Pourtant lorsqu’il ne tourne pas, les habitants trouvent cela plus triste…

Le Gardner 7 H, unique au monde

L’autre moteur, qui vient équiper la nouvelle minoterie, est un Gardner taille 7, classe H, n°27307. L’archiviste de la marque qui l’a expertisé dans les années 2000 a établi qu’il s’agit du seul exemplaire existant encore à ce jour pour ce modèle !

La nouvelle minoterie

En 1970, la dernière génération de meuniers reprend le moulin : Armand et Antoinette Cavé. Ils mettent à l’arrêt les moteurs diesel et font électrifier le moulin. De nouvelles machines sont installées dans la minoterie pour broyer le blé noir. Le moulin transforme alors 12 tonnes de blé en farine par mois.

Mais en 1987, lorsque les Cavé partent à la retraite, ils ne trouvent pas de repreneur. L’activité du moulin cesse après 1 siècle et demi. Les machines encore utilisables sont vendues et partent équiper un nouveau moulin en Roumanie.

Le XXIe siècle : une nouvelle vie pour le moulin de Plaisance

10 ans plus tard, en 1996, alors que le moulin tombe en ruine et que Antoinette Cavé ne pense plus trouver quiconque pour le racheter, un couple d’Anglais – Brian et Maureen Chantry – en vacances dans la région en tombent amoureux et décident de l’acheter et de le rénover. Après 2 ans de procédure pour le faire transformer en immeuble habitable, les Chantry débarquent avec leur caravane (le moulin est dans un tel état qu’il est inhabitable) et commencent une rénovation qui durera 11 ans.

Elle comptera quelques épisodes notables comme la dépose de la toiture de la tour dans le champ voisin dont Brian – charpentier de marine – refait entièrement la charpente avant qu’une grue ne revienne la hisser en haut de la tour, avec 2 tonnes de plus qu’au départ. Les Chantry conservent le plus possible l’esprit et les pièces du moulin originel. C’est pourquoi les moteurs diesel sont toujours là, comme la poutre et l’engrenage des ailes (et sa boite de vitesse), ou les trappes dans la tour qui servaient à monter les sacs de blé. Certains éléments ne purent malheureusement être gardés comme le toboggan qui allait de la tour à la minoterie et par lequel on envoyait les sacs de farine.

Ce sont eux qui transformeront le moulin en gîte, un dans l’ancien magasin, un dans l’ancienne minoterie dans lesquels nous vous accueillons !